Aller sur le site du Diocèse de Bordeaux >

À venir

Fermer la recherche

L’édito n° 651 : RETIRE TES SANDALES !

Publié le 21 mars 2024

Ce sont les mots que Dieu, un jour, adressa à Moïse alors qu’il s’approchait d’un buisson qui, chose étrange, brûlait sans se consumer. « Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » (Ex 3,5). Ce sont ces mots qui pourraient nous aider à entrer dans la grande semaine qui commence : « Ces jours-ci, avance les pieds nus, car cette semaine est sainte ». Les pieds nus, c’est à dire les pieds en contact avec la terre, l’humus duquel nous sommes tirés, qui a donné le mot « humilité ». Cette semaine, il nous faut retirer les sandales de nos pieds et nous approcher de Dieu humblement, les pieds nus. Car Dieu n’est décidément pas comme nous le pensons… Comment aurions-nous pu imaginer un Dieu qui prendrait le chemin de la souffrance et de la mort ? Comment aurions-nous pu penser que le Dieu Tout-Puissant irait jusqu’à revêtir l’extrême impuissance ? Suivre Jésus dans sa passion, c’est consentir à nous défaire de nos images trop humaines de Dieu.

Il ne se passe pas une semaine sans que je rencontre une personne se disant sincèrement chrétienne mais ignorant tout de ce que signifie « être chrétien » ; des personnes qui s’agrippent à l’idée d’un dieu qu’elles se sont construit elles-mêmes ou dont elles ont hérité : « J’ai mes idées sur Dieu… je crois à ma manière… je n’ai pas besoin de l’Église… ». Ainsi va notre monde : chacun suit son proche chemin et se construit un dieu à son image. Mais à ce compte-là, on ne devient disciple que de soi-même… C’est en se mettant en route ensemble, en Église et humblement, que l’on devient chrétien.

Et c’est devant la croix que l’on devient disciple du Christ ; lorsqu’il nous faut consentir à ne pas savoir, à ne pas comprendre, consentir à se mettre à l’écoute et à l’école de Jésus. En sa passion, le Christ nous révèle « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme » (1 Co2,9). Il nous révèle ce que nous n’aurions jamais pu imaginer. Dieu est tellement plus grand que nos idées ! Et il nous faut passer par là si nous voulons véritablement vivre de Dieu ; non pas vivre de nous-mêmes, non pas nous rassasier de nos propres idées, mais véritablement vivre de Dieu. « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur Lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5,15).

Cette semaine est sainte car elle nous conduit à quitter nos certitudes et nos assurances pour nous risquer là où Dieu seul peut nous conduire. Et c’est les pieds nus que nous devons nous y avancer, humblement, et en Église. C’est à cette seule condition que nous pourrons nous retrouver au matin de Pâques devant le tombeau vide, que nous pourrons brûler de ce feu que préfigurait le buisson ardent, brûler de l’Esprit du ressuscité et de cette joie que Dieu seul peut faire naître en nous.

Pierre-Alain Lejeune

« * » indique les champs nécessaires

Hidden
Hidden