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L’édito n° 652 : RESSUSCITÉS CORPS ET ÂME !

Publié le 29 mars 2024

Ces derniers temps, dans notre monde trop sûr de lui-même, tout semble concourir à la désincarnation, au mépris de la chair dans ce qu’elle a de plus réel, de plus vivant, de plus rugueux aussi. La constitutionnalisation de l’IVG hier et le suicide assisté que l’on nous promet pour demain, tout semble aller dans le même sens : le mépris du réel, le déni de cette vie qui échappe à nos outils technologiques et aux algorithmes de nos ordinateurs.

A l’opposé de ce déni de vie, ces jours-ci les chrétiens proclament que Jésus est ressuscité et qu’il est ressuscité en chair et en os ! Il touche ses disciples, il marche à leurs côtés et mange avec eux. Ces jours-ci, nous proclamons le plus inouï, le plus improbable : sous les yeux ébahis de Marie Madeleine, des disciples et de Thomas posant sa main sur les plaies de Jésus : il est vivant en chair et en os !

Je connais plus d’un fidèle qui un jour m’ont avoué avoir du mal à prononcer ces mots du Credo : « je crois en la résurrection de la chair ». Comme l’immense majorité de nos contemporains, ils seraient prêts à admettre une survie de l’âme, comme une vague survie de notre part spirituelle, la fusion dans le grand Tout spirituel indifférencié. Mais l’Évangile proclame bien autre chose ! La foi de l’Église nous entraîne bien plus loin ! Elle proclame l’inouï, comme une pierre sur laquelle beaucoup trébuchent : nous ressusciterons corps et âme parce que Dieu nous aime corps et âme.

La chair est ce qui nous singularise, ce qui fait de chacun de nous un être unique, singulier. C’est par le corps que nous aimons, que nous sommes en relation. Le corps ressuscité de Jésus nous apprend que la vie en Dieu n’est pas de l’ordre de la fusion, de la dilution dans un grand Tout mais au contraire de l’ordre de la communion, de la relation, de l’amour accompli.

Et le plus troublant, c’est que Jésus ressuscité se montre non seulement avec un corps mais aussi avec les plaies de sa passion, plaies désormais non douloureuses mais bien réelles. Ses blessures ont traversé la mort… N’est-il pas vrai que les plus grandes blessures de nos vies nous ont façonnés ? Ces épreuves nous ont marqués au point qu’elles sont devenues un peu de nous-mêmes. Comme l’écrivait Paul Baudiquey : « Qui serions-nous sans nos blessures ? ».

Elle est si belle notre foi en la résurrection de la chair ! Ce corps mortel, lieu de nos fragilités désarmantes et de nos plus grandes jubilations, ce corps n’est pas une enveloppe dont nous pourrions nous débarrasser comme d’une bouteille jetable. Ce corps cabossé par le temps, ce vieil ami, ce compagnon intime est comme la parabole de l’autre corps, le corps glorieux qui me sera donné, un jour, transfiguré de lumière, lorsque Jésus mènera à son terme ma naissance à l’autre vie.

Pierre-Alain Lejeune

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