
Beaucoup attendent les vacances pour enfin pouvoir se divertir… En fait, tout dépend de ce que l’on entend par « se divertir », mais pour ma part, il me semble que les vacances sont plutôt un temps offert pour contempler. La contemplation est à l’opposé du divertissement. L’étymologie du verbe « divertir » désigne le fait de « détourner », de « faire diversion » et pour Blaise Pascal, le « divertissement » désigne tous les stratagèmes que l’homme invente pour fuir et oublier la question essentielle : celle de sa finitude et de la place de Dieu dans sa vie. La société des loisirs que nous avons créée a parfaitement réussi dans cette entreprise : les divertissements et les loisirs saturent littéralement notre espace intérieur. C’est de cela dont nous devrions nous défaire pendant les vacances.
Bien entendu, nous avons besoin de loisirs mais il est bien plus essentiel de prendre le temps de contempler la Création. Contempler, c’est ne pas se détourner, c’est retrouver un regard plus vrai, plus simple sur ce que l’on ne voit pas en temps habituel. C’est retrouver notre capacité d’émerveillement, celle de l’enfant qui découvre le monde et écarquille les yeux devant une fourmi ou une flaque d’eau. Pour cela, il faut faire un peu de vide et de silence, mettre de côté les bruits et les images qui nous envahissent. Or nous avons si peur du vide ! Il nous est si difficile de nous défaire de nos smartphones et écrans d’ordinateurs.
C’est ce que je vous invite à faire pendant ces semaines d’été, si du moins vous cherchez le repos. Car ce qui repose véritablement l’âme et le corps, c’est de contempler les choses simples et ordinaires de la vie. Comme l’écrivait un moine chartreux, « le contemplatif n’est pas celui qui découvre des secrets ignorés de tous mais celui qui s’extasie devant ce que tout le monde sait ». Savoir contempler l’œuvre immense de Dieu ne demande pas de grande qualification ni des révélations surnaturelles. Mais simplement d’ouvrir les yeux sur ce qui passe inaperçu la plupart du temps.
Cela est d’autant plus nécessaire que l’actualité de ces derniers temps charrie beaucoup d’angoisse et de désespoir. Face aux inquiétudes de la vie, notre société ne nous propose qu’une seule chose : des loisirs pour nous anesthésier… A l’inverse, réapprendre à s’émerveiller, ce n’est aucunement fuir les épreuves de la vie, mais c’est refuser de perdre de vue le beau et le bon qui se font toujours plus discrets que le mal et le drame. Je me souviens de ce que m’avait dit un jour un professeur de séminaire, alors que je subissais un drame familial. Loin de chercher des raisons pour me consoler à bon compte, il m’avait dit : « Prenez le temps de contempler la Création ». Ce conseil inspiré du livre de Job, m’avait grandement aidé, non pas à fuir les épreuves de ma vie, mais à les resituer dans l’immensité de l’Univers. S’émerveiller, c’est élargir son regard et retrouver le vrai sens des choses et des êtres, goûter intérieurement ce qui est. Et c’est là que nous trouvons le vrai repos.
Pierre-Alain Lejeune