Il y a 3 ans, la Conférence des Evêques de France a décidé qu’une messe mémorielle pour les victimes d’abus sexuels commis dans l’Église serait célébrée chaque année le troisième vendredi de carême. Ces trois dernières années, cette messe mémorielle a eu lieu à la maison diocésaine Saint Louis Beaulieu. Mais cette année, notre évêque souhaite la célébrer à la cathédrale Saint André pour lui donner plus d’importance. Il souhaite également que, dans chaque paroisse, une messe pour les victimes soit célébrée ce même jour.
Certains demandent : pourquoi célébrer une messe mémorielle chaque année ? Pourquoi reparler sans cesse de ce thème douloureux ? D’abord et avant tout pour les victimes. Parce que nous voulons prier pour elles et les aider. Plus on sort du silence et du déni, plus on aide les victimes à parler et à entreprendre un travail sur leurs blessures. Je discutais l’autre jour avec une personne qui semblait lassée d’entendre parler du rapport de la CIASE ; elle me disait qu’il fallait « tourner la page et passer à autre chose ». Cette réflexion est typique de quelqu’un qui n’a pas conscience de l’ampleur du traumatisme que portent les victimes. Car ceux qui ont subi des actes pédo-criminels ne tournent jamais la page, eux… Et il peut être très violent pour eux d’entendre ce genre de réflexion.
La deuxième raison qui justifie notre fréquente prière pour les victimes ainsi que pour leurs agresseurs, c’est que l’Église est un corps vivant dont les membres sont liés les uns aux autres. Si bien que le péché des uns concerne le corps entier. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire : « les pédophiles, ce sont les autres ». En réalité, même si ces actes ont été commis par quelques-uns seulement, c’est toute l’Église qui doit sans cesse implorer le pardon pour de tels crimes. Nous portons ensemble le péché des agresseurs mais nous sommes également touchés par les blessures des victimes : comme l’écrit Saint Paul « si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance » (1 Co 12, 21).
L’actualité récente autour de l’abbé Pierre et de Bétharram nous montre, si nous en doutions encore, que nous sommes loin d’avoir mis à jour toutes les blessures passées. Et l’on ne guérit une plaie qu’en la mettant à jour et en s’attaquant courageusement à la nettoyer. Nous savons que nous sommes liés dans le pire mais aussi dans le meilleur et que la prière de quelques-uns profite au corps entier. Dans notre paroisse des Jalles, cette messe pour les victimes sera célébrée le vendredi 28 mars à 9h à l’église de Saint Aubin.
Pierre Alain Lejeune