Les fêtes de la Toussaint sont toujours l’objet d’une certaine confusion : faut-il nous réjouir ou nous affliger ? Sommes-nous dans la joie ou dans le deuil ? Célébrons-nous les saints ou pleurons-nous nos morts ? Alors que les jours diminuent et que l’automne semble avoir définitivement emporté la lumière estivale, que nous apprêtons-nous à célébrer dans quelques jours ? Il est heureux que dans le calendrier liturgique, la fête de tous les saints soit immédiatement suivie d’un jour de prière pour les défunts. Nous allons, d’un même mouvement, fêter les saints du ciel et prier pour nos morts, accueillir la lumière et traverser les ténèbres. Car l’espérance chrétienne, ce n’est pas un déni des ténèbres mais les ténèbres traversées ; la résurrection, ce n’est pas la mort effacée comme par magie, mais c’est la mort vaincue.
Le jour de la Toussaint, le 1er novembre, est une immense fête de famille : nous sommes en communion avec tous les saints, dans l’immense famille de Dieu qui unit la terre et le ciel. Quelle joie indescriptible d’être de cette famille qui a Dieu pour Père et l’éternité pour horizon ! Le lendemain, le 2 novembre, nous prions pour celles et ceux qui ont déjà quitté cette terre mais dont nous ne savons pas s’ils sont déjà parvenus au ciel. Car c’est un signe de la miséricorde infinie de Dieu que de faire preuve de patience et de prendre le temps de nous préparer à sa lumière lorsque les ténèbres de notre vie ont besoin d’être dissipées, lorsque nos yeux ont besoin de temps pour s’habituer à son éclat. Si ces deux fêtes se suivent, c’est qu’elles sont indissolublement liées, c’est que nous sommes bien unis dans la même famille : nous sur cette terre, les saints du ciel, ainsi que celles et ceux qui sont entre les deux, dans les derniers pas vers la patrie éternelle.
Les samedi 2 et dimanche 3 novembre, nous invitons toutes les familles endeuillées de l’année à nous rejoindre dans les cimetières de notre paroisse. Nous les entourerons de notre espérance et nous irons bénir les tombes de leurs proches. Il est à mes yeux essentiel que des paroissiens se joignent à ces célébrations dans les cimetières, car c’est la mission d’une paroisse que de porter dans sa prière les défunts et leurs familles ; c’est la mission de tous les disciples du Christ, et pas seulement de l’équipe « obsèques », de porter l’espérance là où il n’y a plus d’espérance, d’être témoins de la lumière pour ceux qui ne voient plus que des ténèbres. Chacun de nous pourra consacrer une heure de ce week-end-là, pour venir soutenir la prière de l’Église dans l’un de nos cimetières. Et au cours des messes dominicales des 2 et 3 novembre, nous aurons à cœur d’accueillir les familles endeuillées qui se joindront à nos assemblées : par notre accueil, nos paroles ou un simple sourire, nous pouvons être signe de la tendresse de Dieu pour ses enfants les plus affligés.
Pierre-Alain Lejeune