« Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Quelle est importante cette finale de l’évangile de dimanche ! Elle lève toujours un peu plus le voile sur le mystère de Jésus lui-même. Ce mystérieux Fils de l’homme qui vient dans le monde pour appeler à lui les malades et les pécheurs nous révèle qu’il est venu pour servir. Prodigieux retournement que Dieu opère où Celui à qui l’on doit tout se révèle comme Celui qui ne veut rien prendre mais tout donner jusqu’à sa vie en sacrifice.
Car, pour le Christ, être serviteur n’est pas un jeu. Ce n’est pas une place qu’il prend par moment pour nous montrer l’importance de la charité et de la solidarité. Ce n’est pas seulement un exemple mais c’est le dévoilement de son être : « Il s’est abaissé prenant la condition de serviteur » (Ph 2). Le Christ, Dieu fait homme, est à la fois l’homme parfait serviteur de Dieu (il sert Dieu et est envoyé par Dieu) et Dieu qui se fait serviteur de l’homme prenant lui-même la dernière place.
Dans l’Église cette figure du Christ serviteur est rendu sacramentellement présente par le ministère diaconal, les diacres assurant ce double service. Ils permettent aux fidèles d’accomplir le service de Dieu, par exemple dans la liturgie. Par le lien qu’ils font entre l’assemblée et l’autel ils manifestent la coopération des fidèles à l’œuvre salvifique de Dieu. En préparant l’autel pour l’eucharistie, les diacres reçoivent les offrandes des fidèles pour que, par elle, soit offert de nouveau le sacrifice rédempteur du Christ.
Ils manifestent aussi la prédilection de Dieu pour les plus pauvres, en entraînant toute l’Eglise à la suite de l’évêque dans la diaconie de la charité. Ils rendent présent le Christ qui « de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (2Co 8). Par leur ministère, c’est le Christ qui se fait lui-même serviteur des pauvres.
Dans un mois, nous célébrerons le 60ème anniversaire de la restauration du diaconat permanent. L’occasion pour nous de rendre grâce au Seigneur pour ce don fait à son Église « De même qu’il y a un sacerdoce de toute l’Église au service duquel existe un ministère sacerdotal, de même il y a une diaconie de toute l’Église, au service de laquelle existe un ministère diaconal. » (Mgr Delarbre, évêque d’Aix-en-Provence). Prêtres et diacres coopérant au ministère de l’évêque expriment toute la réalité de l’amour de Dieu pour les hommes : amour qui veut rejoindre jusqu’au plus faible pour se mettre à son service, amour qui veut unir tous les hommes en un seul peuple en les sauvant par la croix du Christ. L’Église tout entière est entrainée dans ce mouvement de l’amour du Christ à la fois annonce de la Bonne Nouvelle du Salut et charité concrète dans le souci des pauvres, l’un ne pouvant aller sans l’autre.
Père Clément Barré